Critique cinéma : Les 8 salopards

La chronique d'aleximage002

Huitième film de Quentin Tarantino, les 8 salopards est un western se déroulant à huit clos dans une mercerie perdue du Wyoming en plein blizzard. 8 personnages se retrouvent coincés dans cette bicoque et chacun semble avoir un secret ou tout du moins un objectif à accomplir ce qui fait que leur présence ici n’est pas anodine. Ce qui entraînera donc des suspicions, beaucoup de non-dits et surtout un final grand-guignolesque comme Tarantino les affectionne.

Mais avant cet acte final, il y a l’exposition des personnages, les nombreux dialogues tout au long du film… Très longs dialogues tout au long d’un trèèèèèèès loooooonnnng film… Car oui, les 8 salopards dure 2 heures 50.

 Divisés en 6 actes, le film se perd peut être un peu trop dans ses dialogues et dans son exposition des personnages. Cela risque de décourager beaucoup de spectateurs car on le sait Tarantino maîtrise l’art du dialogue avec maestria  mais ici il en abuse certainement trop. Quelques moments du film s’avèrent anecdotiques et peu nécessaires au scénario. Mais pour peu que l’on s’accroche, on découvre un film d’une très grande intensité. A chaque dialogue, chaque regard échangé ; on se demande si cela ne va pas être l’élément déclencheur qui va mettre le feu aux poudres. Tarantino dirige de main de maître ce jeu de dupes interprété par des acteurs tous excellents et habités par leur rôle. Si l’on aime le cinéma ainsi que les personnages haut en couleur auréolés de mystères ; on ne peut qu’être happé par ce film à la mise en scène impeccable.

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Le film est moins fou que les précédents de Tarantino mais garde néanmoins quelques moments d’humour salvateurs au milieu d’une tension grandissante. La musique de Morricone contribue à maintenir une atmosphère oppressante, notamment dès l’ouverture du film dans un magnifique plan séquence enneigé nous montrant un Jésus arborant la neige sur son visage tel un bonnet du klu klux klan. Car là où Tarantino est fort c’est que dans ce film très théâtral et guignolesque, il témoigne d’un pan de l’histoire des Etats Unis et invite à réfléchir sur les divisions du peuple américain des années après la guerre de sécession. Un peuple marqué qui panse ses plaies de s’être entretué autour de la difficile question du racisme. Brillante démarche de sa part que de traiter un sujet sensible autour d’une farce violente. Les personnages y sont aussi pour beaucoup dans la crédibilité de ce huit clos, tous détaillés parfaitement, on peut comprendre leur point de vue et s’identifier à eux.

On ne peut que faire un parallèle avec le film The thing sorti 30 ans plus tôt. Même acteur principal (Kurt Russell), huit clos dans la neige, suspicions constantes ainsi que même compositeur pour ces deux films. Ah oui, Tarantino aime le cinéma et continue d’en faire référence ! Et cela se ressent dans sa manière de filmer aussi où l’on retrouve certains de ses tics de réalisateur (plans de caméra au-dessus ou au niveau des pieds des acteurs, esthétique parfaitement travaillée, scénario en plusieurs actes, chronologie décousue, violence graphique outrancière, dialogues hallucinés et habités…)

Pas le meilleur Tarantino certainement mais un film solide (imaginez la scène tendue du bar d’Inglorious bastards étirée sur deux heures) qui aboutit à un acte final libérateur teinté d’une violence toujours très tarantinesque (en gros faut aimer le sang et l’exagération). Le réalisateur aime ses personnages ainsi que son scénario et cela se ressent peut être de trop car il prend le risque de fatiguer quelques spectateurs en cours de route en étalant trop son plaisir. Et malgré une VF cliché et catastrophique comme trop souvent malheureusement, le film s’apprécie dans une attention quasi religieuse grâce à ses personnages consistants et ses intrigues savamment ficelées. Un bon moment de cinéma en somme.

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23 commentaires

    1. Je l’ai vu aussi en VO après l’avoir vu au cinéma en VF –‘ avant de critiquer un film, je me le regarde au moins deux fois. Heureusement internet est là pour m’aider à revoir certaines scènes clés du film et surtout pour ce film à le voir en VO 😉

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  1. Ma pote et moi, fan de Tarantino cela va sans dire, avions envie d’aller le voir au ciné jusqu’à que ce que ma pote hésite. On a vu les critiques et d’après ce que tu en dis, ça corrobore assez. Je pense qu’on va attendre qu’il sorte pour le voir à la maison.

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      1. Je n’en doute pas ! Après c’est vrai, à chaque fois que je vais voir un Tarantino au ciné, non pas que je m’ennuie, mais j’ai des difficultés à tout suivre. Généralement, je préfère un bon second visionnage sous la couette à la maison. Là je viens de me faire récemment Django Unchained que je n’avais pas revu depuis sa sortie ciné. J’ai surkiffé.

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  2. Après avoir vu pas mal de critiques ressemblant à la tienne, je crois que je vais m’en tenir à ma première impression et attendre de le voir à la maison, au chaud, peinarde de pouvoir me faire des petites pauses (parce 3h c’est long) 🙂

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    1. Je te comprends. Mais même s’il dure 3 heures et que je le regarde chez moi; impossible de faire des pauses en cours de visionnage. Je sors complètement de l’intensité du film . Mais c’estc ertain que l’on est plus à l’aise. Sauf si nos charmants animaux de compagnie viennent nous pourrir le visionnage…comme c’est souvent le cas pour moi.

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  3. Wow, je ne pensais pas qu’il serait aussi tendu ! J’ai vraiment très envie de le voir, mais je vais peut-être me le garder pour la maison du coup. J’adore Tarantino et sa théâtralisation de l’histoire américaine, comme il l’avait déjà fait dans Django. Merci beaucoup pour cet avis intéressant !

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  4. Comme on dit « Chat échaudé craint l’eau froide », et j’étais pas forcément super sereine au vu de l’ennui profondément abyssal qu’avait déclenché chez moi le visionnage de Django Unchained : trop long, trop long, trop long. Et puis un final bidon avec une fusillade qui s’étale sur une décennie, à peu près.

    Donc quand j’ai appris que The Hateful Eight durait 3h, j’ai pris peur. Mais j’y suis allée quand même, par curiosité (en VF, malheureusement)(le « Dis adieu à tes cojones » m’a tué de rire). Bon. Ça casse pas trois pattes à un canard, Michael Madsen a toujours son éternel chapeau de cowboy informe vissé sur le crâne (et les cheveux gras) et Channing Tatum a droit à sa minute de gloire. Mais c’est pas non plus naze. C’est un gros « mouaiiiis, pas mal » pour ma part.

    Ç’aurait pu être mieux si on avait coupé un gros tiers des répliques de l’ami Jackson (dont son escapade romantique en forêt qui est parfaitement inutile, à mon avis)… Le major Warren est EXCESSIVEMENT bavard quand même hein.

    Par contre, Gégeay Jennifer Jason Leigh & Kurt Russel (et sa moustache). Leur duo est parfait 🙂

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  5. Tous les films de Tarantino sont bavards, souvent excessivement lol. Je n’ai pas trouvé Django long pour ma part. Le film de Tarantino dont j’ai le plus subi la longueur des dialogues c’est Boulevard de la mort. Moi, j’adore les dialogues des films et surtout ceux de Jackson qui les interprète toujours à la perfection.
    Pour finir, les 8 salopards est loin d’être mon préféré de Tarantino mais est aussi loin d ‘être son plus mauvais je trouve.

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    1. Lequel serait le plus mauvais, pour toi ? Simple curiosité, il m’en manque quelques-uns que je n’ai pas encore vus (genre Reservoir Dogs et Boulevard de La Mort, justement). The Hateful Eight est… Cool. A voir au moins une fois, mais je ne saurais dire si mon intérêt résisterait à un deuxième visionnage, à vrai dire :-S J’ai eu l’impression d’un Samuel Lee Jackson plus en train de cabotiner que d’interpréter (c’est ptêtre un effet dû à la VF, cela dit) du coup, ça refroidit mon enthousiasme :-/

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      1. Boulevard de la mort est sans conteste son plus mauvais film. Reservoir dogs par contre serait plutôt à mettre dans le haut du panier de ses films.

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