Année : 2015
Date de Sortie : 20 Janvier 2016
De : Charlie Kaufman, Duke Johnson
Avec : David Thewlis, Jennifer Jason Leigh, Tom Noonan
Genre : Animation, Comédie dramatique
Pays de production : États-Unis Durée : 1H30
Michael Stone, mari, père et auteur respecté de « Comment puis-je vous aider à les aider ? » est un homme sclérosé par la banalité de sa vie. Lors d’un voyage d’affaires à Cincinnati où il doit intervenir dans un congrès de professionnels des services clients, il entrevoit la possibilité d’échapper à son désespoir quand il rencontre Lisa, représentante de pâtisseries, qui pourrait être ou pas l’amour de sa vie…
Anomalisa est un film d’animation intégralement en stop-motion (les noces funèbres, coraline…) qui conte l’histoire de Michael Stone, millionnaire célèbre pour ses ouvrages sur le coaching, qui se rend à Cincinatti afin d’y donner une conférence portant sur la réussite et l’accomplissement de soi. Film de Charlie Kaufman, scénariste des excellents « dans la peau de John Malkovitch » et « eternal sunshine of the spotless mind » entre autres ; anomalisa est un véritable ovni cinématographique.
En premier lieu, ce film est une pépite de réalisation. Travailler en stop-motion est un boulot titanesque et de plus pour ce film puisque contrairement à d’autres films du même genre, il présente des personnages aux traits humains hyper réalistes (et non pas en visage cartoon ou déformés). Il a donc fallu travailler toutes les émotions des visages pour rendre cela le plus proche du réel possible. Un tour de force, donc chapeau aux équipes. Qui dit traits réalistes, signifie aussi histoire et personnages réalistes. Vous aurez alors compris que malgré que cela soit un film d’animation, il n’en est pas moins un film adressé aux adultes. Certainement pas à laisser devant les yeux des enfants.
Effectivement, anomalisa est une fable moderne sur la solitude et sur la difficile condition humaine. Michael Stone est en proie à une détresse immense et semble souffrir d’une maladie (après quelques recherches, j’ai appris qu’il s’agit d’une sorte de syndrome de Fregoli) qui le condamne à se sentir constamment harcelé par une même personne. Comprenez par là que pour lui, chaque individu de cette planète est unique. Tous ont le même visage ainsi que la même voix. Il en va de même pour les femmes et les enfants. Il en va de même pour son propre fils ! Imaginez l’horreur que ça doit être à vivre au quotidien ! Cette horreur est d’ailleurs parfaitement rendue dans le film. Michael étant le seul personnage identifiable. Tous les autres protagonistes possèdent le même visage sans âme, désincarné ainsi que la même voix grave monocorde. Cela donne un sentiment de malaise terrible au visionnage du film. On a l’impression de se balader dans un univers malsain et anxiogène. On s’identifie alors un peu plus au personnage. On ressent sa solitude, sa souffrance, on comprend son questionnement intérieur, son désarroi et on comprend ainsi mieux ses actes qui ne sont pas forcément moraux vis-à-vis de sa famille.
Magistralement mis en scène, le film nous place dans un hôtel de luxe lambda, d’un ennui abyssal qui devient de plus en plus effrayant au fur et à mesure que le film avance. Le bâtiment devient presque un personnage de plus qui semble en vouloir au héros. Il subsiste tout de même un peu d’humour dans le film lié justement au handicap du héros qui par exemple n’arrive pas à identifier les personnes au téléphone (forcément). Un ton décalé donc qui apporte un peu de fraicheur bienvenue dans toute cette noirceur. A noter aussi, une ironie constante durant tout le long métrage ; déjà rien que par le fait que Michael est un coach de vie éminemment reconnu alors que sa propre vie est en lambeaux et lui échappe inexorablement…Dans tout ce marasme ambiant, surgit alors une lumière, un salut pour Michael Stone : le personnage de Lisa.
Lisa a un physique difficile, n’est pas cultivée, souffre d’un manque de confiance en elle énorme mais elle a un avantage sur toutes les femmes de ce monde sombre ; elle a un visage et une voix. Michael voit Lisa telle qu’elle est et non pas comme un danger de plus aux alentours. Michael en fait alors sa priorité, en tombe rapidement amoureux et démarre alors la partie la plus poétique du film. Un amour certes rapide mais tellement bien écrit. Ces scènes mignonnes sont amenées très naturellement et apportent tellement de douceur au film. Imaginez, vous entendez enfin une voix féminine et voyez un visage différent. Pour la première fois ! Tout va alors très vite entre ces deux êtres perdus et si seuls dans leur vie. S’en suit alors une des scènes les plus désarçonnantes que j’ai pu voir au cinéma : un rapport sexuel en animation… (D’où le fait qu’il n’est pas à mettre devant tous les yeux car outre son côté effrayant et très déstabilisant, on y voit du pénis en joie, une discussion autour d’un bon petit cunni et un acte sexuel filmé du début à la fin. On ne verrait pas ça chez pixar ou disney…).
Je ne peux en dire plus du film tant le twist autour du personnage de Lisa est important dans la narration. Retenez juste que film est une fable moderne, cruelle, très cruelle (attendez la scène finale…) qui témoigne de la solitude d’un homme en pleine mid-life crisis, de la confusion de vivre dans un monde aseptisé et qui montre que le bonheur ne se happe que par quelques bribes au milieu d’une existence morne et dénuée de sens…peu réjouissant mais un véritable bijou pour qui aime voir une histoire simple racontée avec maestria et émotions. Anomalisa est comme son nom l’indique, une anomalie douce dans le marasme ambiant du cinéma. Un plaisir qui émerveille, émeut et se paye le luxe d’être différent et novateur. Et ça, c’est tellement plaisant ☺ à voir, à méditer et à revoir par la suite.
Je note car je ne connaissais pas du tout ce film !!
Merci
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De rien, heureux de t’avoir fait découvrir ce film 😉
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Ca a l’air bizarre quand même!
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Effectivement, c’est un film étrange qui sort des standards du cinéma auquel nous sommes habitués. Mais c’est ce qui fait son charme. Un peu de nouveauté et d’audace ne font jamais de mal.
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Très bel avis et bien que je n’aime pas le rendu du stop-motion, je le regarderai car il semble vraiment atypique comme film =)
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Je ne cours pas non plus derrière le stop-motion. C’est plutôt son côté atypique comme tu le dis qui m’a attiré.
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