Même si Alex vole de ses propres ailes avec le Renard Bavard, il continue de publier ses chroniques littéraires chez le pingouin vert ! Et il reprend bien avec la saga de la Tour Sombre de Stephen King. Je lui ai même crée sa propre catégorie : Les Chroniques littéraires d’Alex.
Bonne Lecture
« La Tour Sombre est la Jupiter du système solaire de mon imagination » c’est ainsi que Stephen King décrit son oeuvre fleuve. Et effectivement après avoir lu les 7 tomes et demi (la clé des vents étant un tome spin-off s’insérant entre les tomes 4 et 5) qui constituent cette saga je ne peux qu’approuver ce propos. Sur 4000 pages, King nous fait un melting-pot de l’intégralité de sa carrière. C’est presque une histoire autobiographique tant King fait référence à toute ses œuvres à travers les décennies. Car il faut savoir que la Tour Sombre a été écrite sur plus de 30 ans. Le premier tome a été écrit par l’auteur alors qu’il était encore étudiant. Il n’était même pas encore écrivain de métier. C’est bien plus tard qu’il a poursuivi la suite de sa saga en interrompant son écriture régulièrement jusqu’à la sortie du dernier tome en 2004. De 1970 à 2004, King nous a écrit là son Seigneur des Anneaux à lui (il n’hésite pas à le nommer comme cela lui-même). Une saga longue et laborieuse qui a nécessité un véritable travail de fourmi. Une épreuve titanesque dont l’auteur ne regrette rien même s’il avoue dans les notes de l’auteur en fin de chaque tome qu’il a souvent songé à abandonner tant la tâche était ardue. Tant l’inspiration parfois le fuyait aussi. De son propre aveu, jusqu’au tome 4 il n’était pas certain de finir sa saga. Jusqu’à ce jour de 1999 où un accident de la route lui fit frôler la mort. Il se décida alors à finir coûte que coûte sa saga débutée 30 années plus tôt.
Et grand bien lui en fasse!

Hello tout le monde. Je n’avais plus fait de chronique littéraire sur le blog depuis longtemps pour de multiples raisons dont une qui était le fait que je lisais cet énorme pavé durant tous ces mois. Et voilà que ma quête s’est achevée!
La Tour Sombre raconte l’histoire de Roland, dernier Pistolero (sorte de chevalier dans son monde) qui est depuis on ne sait combien de temps à la recherche de la Tour Sombre. Tour qui maintient le monde en état grâce à sa magie (ou grâce à la science, on ne le sait pas trop car seuls les grands Anciens peuvent se remémorer les temps de la création de la Tour Sombre). Elle relie tous les coins du monde par ses Rayons qui sont de plus en plus fragilisés par d’hostiles ennemis qui espèrent créer un nouveau monde en détruisant la Tour et ses Rayons. C’est peut-être obscur pour vous mais je ne peux en dévoiler trop sur l’intrigue et le pourquoi du comment.
Retenez juste que dans cette quête de la Tour Sombre, Roland traversera de multiples péripéties sur un voyage se comptant en années (centaines d’années même mais le temps n’étant plus ce qu’il est depuis que la Tour est menacée). Il traversera différents paysages et lieux, il voyagera de mondes en mondes (car on découvrira bien vite que la Tour est aussi un relais entre tous les mondes possibles) et se fera de nombreux compagnons.
Très vite on comprendra que la Tour, cette sorte de Dieu tout puissant inaccessible, n’a pas seulement le monde du Pistolero (appelé Entre-Deux-Monde) qui repose sur elle mais tous les mondes possibles.
Si elle est détruite, c’est l’Entre deux Monde mais aussi notre monde à nous et tout un tas de différentes réalités qui s’écrouleront. Elle est vraiment une sorte de dieu mystique.
Et du coup, l’histoire part alors dans tous les sens. Roland voyage dans notre New-York à nous ou il se fera des compagnons de notre New-York des années 80 par exemple. Mais on découvrira aussi des mondes proches du notre a quelques différences près ou des mondes totalement différents. Bref, un beau foutoir en somme. Mais un foutoir remarquablement bien géré par l’auteur. C’est fou de retenir sur tant d’années tant d’informations et de tout faire cohabiter en restant cohérent.
Roland rencontrera des robots, des vampires, des démons,des fantômes, des animaux humanisés dans ce long voyage. Tout cela en restant cohérent. C’est fort!
Je disais que King faisait une autobiographie de sa carrière à travers la Tour Sombre et ce n’est pas anodin car il condense toutes ses histoires dans sa saga. Par exemple des personnages de la Tour Sombre possèdent le don de Shining. Ou encore le père Callahan qui est un personnage de son roman Salem est un personnage important de l’histoire de la Tour Sombre qui accompagnera Roland durant une partie de ses aventures. Même King est présent dans l’histoire. Très présent d’ailleurs!
Et si tout cela vous parait être du grand n’importe quoi, je peux vous dire qu’il n’en est rien. Que tout prend son sens à la lecture du dernier tome. Tout se recoupe d’une manière admirable qui force l’admiration de Stephen King.
Mais attention, même si King a la réputation d’être assez arrogant et imbu de sa personne; et le fait qu’il s’insère comme un personnage de son histoire ne va pas aider à cette réputation; il ne s’épargne pas du tout dans l’oeuvre. N’hésitant pas à égratigner l’homme qu’il était dans les années 70 et 90.
Et oui, c’est très autobiographique je vous le disais.

Mais qu’on ne se trompe pas. La Tour Sombre est avant tout une grande saga d’aventure au souffle épique. Entre combats, courses poursuites et moments d’horreur; vous allez vivre énormément d’émotions à la lecture. C’est véritablement un croisement entre le Seigneur des Anneaux et Star Wars à la sauce western.
Génial et prenant. Le monde de Roland mêlé de magie et de science-fiction est passionnant à découvrir. Les personnages sont tous attachants et bien écrits. Chacun a son trait de caractère bien marqué et évolue au fil de l’histoire. Qui aurait cru que le junkie Eddie allait évoluer ainsi? Pareil pour Susannah qui au départ est en fauteuil roulant avec en plus un gros problème de schizophrénie… Ceux qui ont lu l’oeuvre savent à quel point elle a pu évoluer et étonner le lecteur.
En plus cet univers est génial car se déroulant dans une sorte de monde central mélangeant les influences de plusieurs mondes (dont le nôtre) , on peut y voir une multitude de références. King cite souvent Harry Potter, Marvel, Star Wars ou encore des personnages historiques importants (il est d’ailleurs assez drôle de voir ce qu’il advient d’eux dans certains mondes). Oui c’est foutraque, mais diablement bien foutu. L’essentiel étant que le lecteur s’y retrouve.
Et je le redis, au final cette aventure regroupant plusieurs personnes venant d’un Ou et d’un Quand différents (c’est comme ça que disent les héros pour parler des différents mondes et des différentes temporalités dont ils sont issus) est un délice à lire.
Et pourtant je ne suis pas fan de King. Loin de là. J’ai lu quelques œuvres du monsieur et je n’ai jamais accroché à son style littéraire. Mais face aux nombreuses éloges et recherchant une nouvelle lecture post-apo se déroulant dans un univers énorme, j’ai finalement cédé. Et j’ai bien fait.
Sinon, tout n’est pas rose au royaume de la Tour Sombre. L’oeuvre a ses défauts. Dont King est pleinement conscient (il le dit dans les notes de l’auteur en fin de livres. Pour une fois, j’ai lu chacune de ces notes et je le dis, elles sont essentielles et géniales) . C’est parfois bien long, trop long. King aime ses personnages. Il les aime même trop. Au bout d’un moment on s’ennuie devant le énième rassemblement autour d’un feu de camp à parler de tout et de rien. On s’ennuie à écouter le récit d’un protagoniste lambda sur son passé et sur comment il s’est retrouvé bloqué dans l’Entre Deux Monde.
Mais ça c’est parce que King aime vraiment son histoire et accorde de l’importance à chaque détail.Cela reste parfois franchement laborieux à lire. Surtout qu’à côté il y a des moments vraiment très prenants.
Puis ne vous attendez pas à tout comprendre très vite. Il faut s’accrocher. Mais vraiment. On ne découvre vraiment le passé de Roland qu’au tome 4. Avant cela on ne sait pas vraiment pourquoi il cherche a atteindre la Tour Sombre. Avant cela on ne sait pas ce qu’il est advenu de son royaume et des autres Pistoleros. Seulement par bribes. Pareil pour le langage. Certains mots du Haut parler (la langue de l’Entre deux Monde) sont utilisés par Roland dès le début de l’histoire et on en découvre leur sens que bien plus tard. Ce parti pris scénaristique peut faire lâcher beaucoup de monde en cours de route.
Ce qui serait dommage car le dernier tome est réellement incroyable. Comme je le disais, tout s’explique et se rejoint de manière admirable. Et l’on vit d’intenses moments d’émotions dans les derniers kilomètres qui séparent nos héros de la Tour Sombre. Les personnages de l’homme en noir, du Roi cramoisi, de Mordred, de Blaine le monorail (et oui lol) ou encore d’Ote le bafou-bafouilleux, mignon animal de compagnie de la bande, vont vous faire entrer dans une histoire captivante et folle.
Une histoire qui se conclura de manière surprenante avec une fin douce amère qu’expliquera King (comme toujours en fin de tome). Une fin qui aura fait grincer des dents plus d’un fan lisant la saga depuis plus de 20 ans et attendant impatiemment cette conclusion.
Une oeuvre monumentale, certes imparfaite, mais généreuse et captivante. Une véritable leçon d’écriture et d’abnégation. Un monde formidable qu’on voudrait ne jamais quitter et connaitre encore plus. Des personnages ultra charismatiques (Roland quoi, le bad-boy cowboy incarné!). Et cerise sur le gâteau, une vraie réflexion sur la puissance de l’imagination et de l’écriture. Du grand art assurément. l’oeuvre d’une vie.

J’adore! Super intéressant
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Alors n’hésite pas à démarrer cette saga 🙂
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Je ne connaissais pas du tout cette oeuvre mais même si il y a des longueurs et qu’il faut s’accrocher, l’histoire semble tellement originale, le projet tellement fou que ça donne vraiment envie =)
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Oui. Des fois c’est long et dur à lire mais c’est totalement dingue et captivant 🙂
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