Trilogie Du Samedi Épisode 27

Et oui, Bowie, encore et toujours Bowie!

Cet artiste aux multiples facettes qui m’a toujours fasciné a aussi eu sa trilogie. Connue sous le nom de trilogie berlinoise de par le monde (car les albums furent créés à Berlin, logique); elle est considérée comme un point culminant de sa carrière après ses errances de cocaïnomane désabusé qui ont failli le perdre et avant la décennie 80 bien trop disco et pauvre créativement pour ce bon monsieur. Elle est considérée comme une période faste de sa carrière musicale (3 albums studios en 2 ans quand même, et non des moindres!) et aussi comme sa période la plus avant-gardiste musicalement. Même si boudés à leur sortie; bien vendus tout de même mais un échec aux yeux de la maison de disques qui espérait bien plus de ventes car n’oublions pas que le succès de Ziggy Stardust était passé par là auparavant; ces 3 albums sont aujourd’hui reconnus comme des pépites visionnaires qui furent pillées par les artistes de la décennie suivante.

LOW(1977)

Donc, comme je l’ai écrit précédemment, Bowie part se mettre au vert à Berlin, ville encore meurtrie par la seconde guerre mondiale et s’y installe avec son ami Iggy Pop. Rien qu’en sachant l’état des deux individus dans les années 70, je vous laisse imaginer comment a pu se dérouler cette colocation!

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Toujours est il que naîtra chez ces deux individus une émulation artistique incroyable. Bowie va surtout faire la rencontre de Brian Eno, musicien renommé, qui produira cet album. Il fera découvrir à Bowie la musique minimaliste. Mais Bowie en tant que star impulsive voulant toujours faire plus dans la grandiloquence va s’approprier ce style minimaliste en totale contradiction avec sa façon de créer et va le sublimer.

D’une ambiance toute particulière, Low est un album surprenant. Difficile d’accès  avec sa musique semblant déglinguée et son anti-conformisme assumé, il frappe fort car offre une approche de la musique somme toute différente pour l’époque. les paroles passent au second plan ( lorsqu’on prête attention aux textes, on se dit que cela n’a aucune cohérence) et le but recherché semble n’être qu’un timbre sonore particulier collant avec l’ambiance voulue. Pas de gros hits sortiront de cet album mais Bowie aura la reconnaissance de ses pairs avec cette démarche artistique. Celle de ses contemporains et des nôtres. Un album déroutant à écouter pour comprendre le virage musical de l’artiste et l’ambition derrière cette pièce maîtresse.

HEROES (1977)

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Bowie revient très vite après Low (la même année carrément) avec un second album produit à Berlin intitulé Heroes. Celui-ci parle déjà plus aux gens puisqu’il contient le méga tube du même nom que l’album que tout le monde a déjà entendu dans sa vie. Toujours la même démarche. Toujours cette inspiration minimaliste marquée notamment par une grande influence du compositeur génial Philip Glass (qui le lui rendra bien des années plus tard en utilisant des morceaux de Bowie pour certaines de ses symphonies). Par contre, ici, Bowie marque encore plus son influence allemande dans l’album en chantant carrément en langue allemande sur plusieurs morceaux. Quand je disais qu’il aimait déstabiliser et se fichait de l’impact commercial de ses travaux! Malgré l’utilisation de la langue teutonne, celui-ci se vendra mieux tout de même et sera mieux accepté par la maison de disque. En cause, toujours le morceau Heroes qui mettra tout le monde d’accord.

LODGER(1979)

Dernier album de la trilogie berlinoise de l’artiste aux multiples facettes, Lodger est considéré comme un des meilleur albums du monsieur (bon, personnellement, ce n’est pas mon cas, m’enfin bon, je n’ai pas parole d’évangile).Un peu en retrait musicalement et artistiquement des deux premiers, il n’en reste pas moins un CD intéressant et solide de par ses morceaux. David Bowie semble plus abordable ici. Les facéties de ses multiples personnages s’estompent et il parle de choses plus terre à terre. Il semble enfin vivre parmi nous. Il évoque des anecdotes notamment sur un voyage au kénya avec un pilote d’avion bourré etc…Musicalement il se diversifie et pioche un peu dans beaucoup de genres tout en imprégnant chaque morceau de la patte Bowie.

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On dirait à l’écoute qu’il assume son statut d’icône et regarde le résultat de ses treize précédents albums avec lucidité. Comme une passation de pouvoir à la nouvelle jeune génération, Bowie accepte qui il est et décide de se cantonner à simplement être David. La provocation et la recherche de sonorités toujours plus folles semblent moins à l’ordre du jour. Ce dernier album de cette mise au vert allemande marque l’apaisement d’un homme aux milles tourments. Un bon disque mature et un témoignage d’un artiste complet en somme.


Avec cette trilogie, j’ai tenté de vous faire comprendre pourquoi j’idolâtre Bowie et pour quoi il va continuer à me (nous?) manquer durant les prochaines années. Constamment à l’avant garde et cherchant toujours à se renouveler, à se reconstruire, à se remettre en question, Bowie était prêt à tout pour son art. N’hésitant pas à risquer l’échec commercial. N’hésitant pas à risquer que le monde lui tourne le dos. On a besoin d’artistes comme cela. C’est avec ce genre d’individus que la musique continuera a être intéressante et à se poser plus comme un art que comme un simple produit de consommation. Je vous invite à vous renseigner plus en profondeur sur cette période berlinoise (décidément, y’a un truc avec l’Allemagne et cette ville tant elle a influencé plusieurs artistes et pas forcément que ceux issus du monde de la musique) car je l’ai rapidement survolée. Cette période faste et très intéressante et significative dans la manière d’aborder son travail pour un artiste. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour une énième trilogie les ami(e)s.

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8 commentaires

  1. Tiens, je n’avais pas commenté? Bowie, c’est un des deux premiers 33 tours que j’ai écoutés en boucle (Let’s Dance, ramené de Paris avec Thriller par mon père lors d’un voyage professionnel. Il a bon goût en musique…). Je sais que ce n’est pas censé être son meilleur album, loin de là, mais c’est le plus accessible, et pour une gamine de 8-10 ans, c’était ce qu’il fallait.
    J’ai découvert tardivement ses lives, et des performances télé qui mettaient plus en valeur sa voix. Je n’ai pas creusé assez sa carrière (mais je pense n’être pas assez mélomane pour goûter ses oeuvres les plus ambitieuses…).

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    1. Tu te rabaisses en disant ne pas être assez mélomane pour apprécier sa musique dite « non-commerciale »; rien que le fait d’apprécier les lives de Bowie montre déjà un minimum d’ouverture d’esprit musicale. Tu pourrais tenter ces albums moins conventionnels je pense.
      Alex.

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      1. Ce n’est pas une question d’ouverture d’esprit, plutôt que je ne suis pas musicienne et la virtuosité technique ou de composition me passe au dessus de la tête. Je vais préférer un morceau simple mais qui « marche » – cad qui me déclenche une émotion – à un truc qui, pour un musicien, sera hyper intéressant et original.

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      2. Après, au moins la moitié des groupes / musiciens que j’apprécie sont reconnus pour leurs compo, donc c’est pas parce que c’est émotionnellement accessible que c’est nul musicalement. Mais ce n’est pas forcément lié non plus.

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