Petit Pays – Gaël Faye

Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l’harmonie familiale s’est disloquée en même temps que son «petit pays», le Burundi, ce bout d’Afrique centrale brutalement malmené par l’Histoire.
Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d’orage, les jacarandas en fleur … L’enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.

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Depuis sa sortie en 2016, j’ai très envie de lire ce livre, surtout après toutes les critiques élogieuses a son sujet et les nombreux prix littéraires remportés. Chose importe à savoir :   » Petit Pays » n’est pas l’histoire de Gaël Faye. Il partage les mêmes origines que son personnage principal, Gabriel, un père Français, une mère Rwandaise et ils ont tous les deux passés leur enfance au Burundi. Mais il n’a pas vécu ce que le personnage traverse. Après cette lecture, je partage pleinement l’enthousiasme général. Ce livre est une pépite. Dans la première partie du récit, Gaël Faye nous décrit la jeunesse privilégiée d’Afrique, richesse, liberté, du personnel de maison, des chauffeurs, de l’insouciance, de l’argent, des jeux, des copains. Mais la deuxième partie fait basculer le roman dans un côté beaucoup plus sombre. Nous sommes en juin 1993 à la veille de l’avènement de la démocratie au Burundi et au moment du premier vote libre mais pour la première fois, ça ne sera pas le parti militaire au pouvoir. C’est une ère nouvelle qui commence pour le pays malheureusement l’euphorie sera de courte durée, puisque quelques mois plus tard l’avion qui transportait les présidents du Burundi et du Rwanda est abattu. Au Rwanda les guerres ethniques se rallument, la haine se réveille. Les Hutus massacrent les Tutsies. Pendant ce temps là , il y a Gabriel et ses copains qui vivent leur enfance dans  » l’impasse » et qui vont se voir devenir adultes bien trop vite. Le temps de l’insouciance et des jeux est terminé, des « gangs » se forment et les enfants tentent de protégés leur patrie. La haine est partout, même dans ce quartier favorisé , même dans l’impasse, où les enfants se croyaient en sécurité. C’est un texte poétique, poignant et très beau. Gaël Faye a une plume remarquable. On plonge facilement dans l’histoire grâce à un style très fluide et clair. De plus c’est un témoignage sur une guerre trop peu connue. Plus d’information ici

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On ne doit pas douter de la beauté des choses, même sous un ciel tortionnaire. Si tu n’es pas étonné par le chant du coq ou par la lumière au-dessus des crêtes, si tu ne crois pas en la bonté de ton âme, alors tu ne te bats plus, et c’est comme si tu étais déjà mort.

Même après avoir refermé son lourd portail, j’entendais encore sa voix derrière moi me prodiguer d’intarissables conseils : prends garde au froid, veille sur tes jardins secrets, deviens riche de tes lectures, de tes rencontres, de tes amours, n’oublie jamais d’où tu viens…

Cet après-midi là, pour la première fois de ma vie, je suis entré dans la réalité profonde de ce pays. J’ai découvert l’antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d’un camp ou d’un autre. Ce camp, tel un prénom qu’on attribue à un enfant, on naissait avec, et il nous poursuivait à jamais. Hutu ou Tutsi. C’était soit l’un, soit l’autre. Pile ou face.

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Ma Note : 18/20

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La Chronique D’Anne-Ju

22 commentaires

  1. Je ne connaissais pas du tout, mais le sujet m’intrigue ! Il est vrai que nous ne parlons pas beaucoup de cette guerre dans nos livres d’Histoire ou autres… Si un jour cet ouvrage se trouve à portée de mes mains, je n’hésiterai pas !

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