5 # Les Chroniques Littéraires d’Alex

Toujours dans ma quête de lire les grands classiques de la science-fiction et après avoir démarré avec le décevant LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS; voilà que je m’attelle à la tâche de lire Le meilleur des mondes. Roman d’anticipation publié en 1932 qui nous présente un futur aseptisé et peu enviable. A savoir que l’auteur a écrit cette histoire comme une mise en garde face aux dérives qu’il constatait dans la société de son époque. Presque 100 ans plus tard, je ne peux pas dire qu’on ne se dirige pas vers une telle société. Beaucoup d’idées développées dans cette oeuvre semblent pertinentes et palpables à notre époque…Il est temps pour moi d’entamer ma critique de cette oeuvre majeure de la S-F qui a inspiré nombre de films et de musiciens depuis des décennies.

MeilleurDesMondes

Nous sommes dans un avenir où les hommes sont divisés en castes, créés artificiellement en usines, ils sont conditionnés dès la naissance pour appartenir à une certaine catégorie de travailleurs. Partagés entre les Alphas (personnes destinées à occuper de hautes fonctions, avantagées intellectuellement ainsi que physiquement) et les Epsilons (caste la moins glorieuse, pour les personnes condamnées aux basses besognes; le fait de posséder un intellect développé n’est pas une nécessité pour eux…); l’humanité vit dans un monde dans lequel tout est programmé à l’avance. Tout n’est que loisir et divertissement; l’ennui et les soucis n’existent pas. Il faut que l’homme se maintienne dans un bonheur constant afin d’être le plus productif possible. Pour s’aider à maintenir cette insouciance de tous les instants, les individus peuvent en moment de trouble intérieur consommer une substance non nocive, une sorte de drogue, appelée Soma qui les plonge dans une sorte de léthargie contemplative. La viviparité est un sujet écoeurant pour cette société. La famille ainsi que la maternité sont sujets d’écoeurement tant cela paraît sauvage et incivil. l’idée de famille rime avec temps perdu et tracas. Inutile. Contreproductif. Source possible de tristesse…Elevés en usine, conditionnés mentalement; cette absence de liens qui semble un comportement antique pour eux ne perturbe aucunement les individus. La sexualité est un divertissement. Les partenaires sexuels sont interchangeables et se refuser à quelqu’un est mal vu. Il en va de même si l’on s’attache trop longtemps au même partenaire sexuel; c’est étrange puisque le bonheur étant d’avoir accès à toutes nos pulsions et tous nos désirs instantanément. C’est très mal vu de rester en couple trop longtemps avec la même personne, même dangereux aux yeux de la société.

Monde austère donc et faisant écho au besoin instantané qu’ont les sociétés capitalistes de ce besoin de se satisfaire facilement et sans efforts. Besoins acceptés et favorisés par les puissances en place car un peuple heureux est un peuple docile…Mais dans cet Etat Mondial en place, il existe des parias, des êtres à part, tels que Bernard Marx et Lenina Crowne, nos personnages principaux.

Bernard, malgré son statut d’Alpha est un paria aux yeux de la société car il se pose des questions. Il aime mettre les choses en doute et rechigne à prendre du Soma lorsqu’on le lui conseille. Il s’attache à la nature, aux étoiles ,à la solitude; alors que les humains sont conditionnés à détester ça… il n’aime pas la façon dont les femmes, y compris Lénina sa partenaire du moment, sont considérées comme des « viandes » interchangeables.

Tout démarre lorsque Bernard décide d’aller visiter une rare réserve de sauvages (comprenez par là une réserve d’humains vivant encore en se reproduisant comme des animaux et ne vivant pas en castes) avec Lénina. Bernard se liera alors d’amitié avec John (sauvage de la réserve fasciné par l’Etat Mondial et surtout la culture après avoir découvert par hasard les oeuvres de Shakespeare) puis fasciné par ces individus qui vivent dans un univers non-stérile sans que cela ne les perturbe décide d’emmener avec lui John et sa mère Linda hors de la réserve.

Je ne vous en dirai pas plus sur la suite des évènements et sur le choc pour John et Linda de découvrir ce soi-disant « nouveau monde merveilleux » qui se révèlera ètre un piège autant pour Bernard que pour nos infortunés sauvages. Si je vous dis « King Kong » vous pourrez vous faire une idée sur l’horreur de la suite de l’histoire pour nos personnages. A vous de vous décider à lire ce roman ;).

Le contenu est au départ assez rébarbatif car on nous expose assez longuement l’univers dans lequel l’auteur cherche à nous plonger. beaucoup d’informations et d’explications à travers la visite d’une usine de foetus sont lâchées et j’avoue n’avoir pas été loin de laisser tomber ma lecture. L’histoire prend toute son ampleur ainsi que son intérêt quand on nous expose plus en profondeur la psyché des personnages principaux ainsi que leurs altermoiements face à ce monde pour lequel ils ne sont pas en totale adéquation. A partir de ce moment la lecture devient fascinante et de plus en plus prenante. Les choses n’évoluent pas toujours comme on peut s’y attendre et on veut à tout prix savoir quel sera le sort réservé aux sauvages et à Bernard dans cette société qui n’accepte pas la différence. La dernière partie de l’oeuvre est vraiment dure à lire tant les hommes sont montrés sous leurs jours voyeuristes et cruels…malheureusement cette condition humaine est un fait indéniable…

Au final, je peux dire sans douter que je viens de lire un chef d’oeuvre. Une pièce maîtresse de la science fiction qui brasse énormément d’idées. Un roman fondateur qui a inspiré énormément d’oeuvres culturelles par la suite. Si la présentation assez austère et qui demande beaucoup de concentration a failli me perdre, je ne peux qu’être ravi d’avoir persévéré car je sais que j’ai lu un  monument fédérateur pour tout fan de SF. Une histoire aussi très humaine qui pose plein de questions sur notre race et notre statut de maîtres du monde se disant civilisés. Poignant et sans concessions, le final du livre laisse des traces et porte à réflexions. A lire, ou en tout cas à connaître car cette histoire a marqué, marque et marquera pour encore longtemps notre culture.

alexandre

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