Les chroniques littéraires d’Alex #9

Le Renard est de retour pour nous livrer une nouvelle chronique SF du très célèbre Philip K.Dick ! LE DIEU VENU DU CENTAURE sorti en 1965.

Bonne lecture à tous


Me revoilà enfin à lire du K. Dick, mon auteur chouchou!
De retour dans mon domaine de prédilection, c’est à dire la SF, après un passage peu concluant mais néanmoins intéressant dans l’univers de Neil Gaiman.

 

 

Et c’est donc avec ce Dieu venu du Centaure que je retourne auprès de K. Dick qui m’avait plutôt déçu au cours de ma dernière lecture le concernant puisque j’avais trouvé Le maître du Haut Château bien moins catchy que toutes les autres lectures que j’avais pu faire de cet auteur.
Dur de résumer ce livre car l’histoire y est très dense et touffue.
Cela se passe dans un futur où le réchauffement climatique est devenu insupportable pour les humains sur terre. Un futur dans lequel l’humanité a colonisé le système solaire et a même rencontré des êtres venus du système proxien (là où se trouve l’étoile Proxima du Centaure, pour les néophytes, étoile la plus proche de notre système solaire).
Enfin, par colonisé, il ne faut pas entendre par là que la vie sur Mars, Titan ou encore dans l’espace est de tout repos. Les colons de Mars, par exemple, vivent terrés sous le sol dans des bunkers aménagés et en sortent uniquement pour créer à la surface des jardins viables dans de piètres conditions…

 

Leur unique moyen de s’évader se trouve être via les Poupées Pat qui associées à la drogue D-Liss permettent une sorte de transe qui les envoie à l’intérieur de la poupée et leur fait vivre un moment idyllique sur leur regrettée planète bleue pas encore menacée par la chaleur solaire…
Vous me suivez toujours?
Ajoutez à cet univers déjà bien dingue, un aventurier fortuné disparu depuis 10 ans dans le système proxien qui en revient enfin muni d’une nouvelle drogue révolutionnaire, le K-Priss, chargée de supplanter le monopole de la D-Liss.
Cet aventurier, Palmer Eldritch, cache bien des secrets et met à mal l’avenir de nos héros, Bulero et Mayerson, respectivement directeur des Poupées Pat pour l’un et précog (genre de télépathe avec don de pré-science dans l’univers de K. Dick) dans la même société pour l’autre.
Ils vont donc agir pour savoir ce que cache ce retour étrange d’Eldritch dans notre système et pour savoir la véritable portée de la nouvelle drogue, le K-Priss.

 

Confus…Difficile à résumer comme roman…Et ce n’est qu’une petite partie de l’intrigue…Il y a aussi toute une histoire d’évolution de l’humain accélérée, d’accession au divin, etc, etc…

Mais pourtant ce livre est génial! 

C’est dense et cela part dans pas mal de directions mais je crois que je n’avais plus autant aimé lire de livre de cet auteur depuis Ubik! Qui est pour moi son chef d’oeuvre!
Il y a dans ce Dieu venu du Centaure un condensé de toute la littérature K. Dickienne!
En plus d’une bonne SF d’anticipation, il y a les précogs avec tout ce que cela implique de voir l’avenir, une réflexion sur l’évolution de l’homme et l’avancée de la médecine. Il y a bien évidemment les drogues (si chères à l’auteur) avec tout ce que cela implique sur l’individu d’utiliser des psychotropes plus ou moins puissants et/ou dangereux.
Tout dans ce roman résume la pensée de l’auteur et représente son oeuvre dans son ensemble.

 

Car en plus de nous faire voyager dans des mondes hallucinatoires par le biais des drogues et dans l’espace interplanétaire; le livre nous propose une étonnante et incroyable réflexion philosophique sur le divin et sur l’immortalité.
En plus d’être de la science-fiction intelligente et bien écrite, il y a tout un débat qui va bien plus loin que de la simple anticipation pessimiste.
Et c’est tout simplement passionnant en plus d’être déstabilisant et dingue!
Cela fait froid dans le dos mais ouvre aussi des perspectives incroyables quant à l’avenir de l’humain.
L’oeuvre part loin dans le développement humain jusqu’à l’accession d’une sorte de spiritualité divine faisant fi de l’espace et du temps.

 

Cela m’a donc fortement rappelé le film 2001 l’Odyssée de l’Espace qui explore cette voie traitant plus de la métaphysique que de la science fiction pure. Ou encore le plus récent Interstellar où le temps n’est plus un obstacle pour l’homme du futur.
C’est juste dingue d’avoir pu imaginer tout ceci à son époque et surtout d’en avoir fait une histoire qui tient la route et qui nous tient surtout en haleine jusqu’à son aboutissement.
L’histoire nous trimbale d’un personnage à l’autre, nous perdant parfois sans que l’on sache si l’on est dans le monde réel ou le monde créé par les drogues. Sans que l’on soit sûr de l’époque dans laquelle on se trouve. Dans quel moment de l’intrigue l’on se trouve…
Cela peut paraître foutraque mais l’auteur arrive à nous faire passer d’une situation à une autre avec une fluidité déconcertante. On se surprend alors à découvrir que l’on est plus là où l’on croyait être sans que cela n’ait influé sur notre lecture.
K. Dick sait parfaitement raconter son histoire et ses personnages dans cet univers totalement dénué de repères. Le tout présenté dans une imagerie que l’on rêverait de voir au cinéma et avec des personnages comme Eldritch qui puent le charisme et la menace oppressante rien qu’en quelques lignes. Une sorte de Darth Vador omniscient qui nous hante à tout jamais.

 

Vraiment une bonne lecture que j’ai dévoré d’une traite!
L’auteur a ici fournit un travail dense et solide pour présenter un futur qui ouvre à moult réflexions sur l’humain et sur notre rapport à l’évolution. Un livre qui nous pousse à nous questionner sur les questions de l’immortalité et de la religion.

 

C’est puissant comme lecture mais cela demandera un travail de concentration assez conséquent au lecteur tout de même. Surtout s’il n’est pas coutumier des travaux de l’auteur.
Je ne peux que conseiller cette lecture mais pour un débutant je conseillerai plutôt d’autres romans de K. Dick avant de s’attaquer à celui-ci tels que Le Temps Désarticulé ou encore Substance Mort pour s’imprégner de son univers et de son écriture qui peut s’avérer déconcertante.
En tout cas Le Dieu Venu Du Centaure (où Les Trois Stigmates De Palmer Eldrith en VO, quand je vous disais que ça touchait au religieux!) est un très bon roman, dense, pessimiste et invitant à de multiples réflexions qui m’aura juste un petit peu déçu sur sa conclusion.
En tout cas si vous aimez la science fiction bien tordue, vous ne pourrez qu’aimer ce voyage sans retour vers un univers où tout suinte le désespoir et la faillite humaine… 

 

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