Millénium Blues, de Faïza Guène

« Le monde a changé à partir du forfait Millénium. Désormais, on se parlerait sans limites. On pourrait se dire autre chose que l’essentiel. La jeunesse devenait Millénium, le monde, sous nos yeux, était en train de devenir Millénium. J’ai le Millénium Blues. Vous l’avez aussi ? Est-ce qu’on en guérira un jour ? »


 

Avec son roman , Faïza Guène me replonge dans mon enfance et mon adolescence. Le snake sur le nokia 3310, la France qui gagne la coupe du monde en 98, les disquettes, le hip-hop, le 11 septembre 2001, le forfait millénium, l’élection présidentielle de 2002, etc. Le monde change, mais l’amitié de Zouzou et Carmen traverse toutes les épreuves. Elle est le reflet d’une génération bouleversée par l’arrivée d’un nouveau millénaire. L’histoire commence par un drame qui va changer la vie de Carmen, en 2003 pendant la fameuse canicule dont on se souvient tous.  Le livre nous décrit la solitude et l’isolement. La solitude d’une mère délaissée par son mari, d’une fille, Zouzou,  abandonnée par son père puis par son conjoint. L’isolement de sa meilleure amie Carmen qui a un père tout droit venu d’une autre époque et Simone, une vieille dame qui n’a que Zouzou dans sa vie.

« J’aime pas les fêtes parce qu’à peine ça commence, je pense déjà au moment où va falloir s’arrêter de danser… »
Si on considère que la vie est une fête, c’est la meilleure définition de la nostalgie qu’il m’ait été donné d’entendre.

Le roman est construit dans le désordre de la vie de Zouzou, des années 90 à maintenant, parfois furtifs, parfois sans aucun liens avec les autres mais toujours pertinents. La narratrice se fait le reflet de toute une génération et l’on s’identifie très facilement à elle ; surtout quand on a également grandi dans les années 90. Beaucoup de thèmes sont abordés comme la famille, le divorce, l’éducation, la maternité, la culpabilité mais ce n’est pas un récit triste ou pessimiste, bien au contraire.

28537853_136976377130746_1480473137_n.jpg

Zouzou est adulte maintenant, mais elle se souvient. Elle se souvient de ce passage dans le nouveau millénaire, les années 2000 ! Quel événement ! Elle se souvient de tout ce dont je me souviens aussi. Et à seulement 30 ans elle est déjà nostalgique d’un époque.

 » Avant l’an 2000, tout paraissait possible. Les seules frontières étaient celles de notre imagination. Le nouveau millénaire apportait avec lui son lot de promesses. Des promesses d’égalité et de fraternité. Des promesses de liberté. Des promesses de renouveau. ON allait communiquer autrement, plus facilement, plus vite. Et qu’est-ce qu’on avait de mieux à se communiquer que de l’amour et de la beauté? »

Zouzou est maman d’une petite fille, nostalgique d’une époque où l’on avait peur de rien, elle voudrait offrir la même chose à son enfant. « Ce serait bien qu’on ne soit pas contraints d’expliquer à nos enfants pourquoi des gens assassinent arbitrairement des innocents au nom de leurs fausses croyances. Ce serait bien que ce ne soit pas si logique d’ouvrir son sac à main à longueur de journée, comme ça, pour vérifier partout, tout le temps. »

 » Ce serait bien qu’on ne s’habitue pas à la terreur. »

Qu’est-ce qu’on veut laisser à nos enfants ? Voilà la question qu’elle se pose, que je me  pose, qu’on se pose tous. Avons-nous vraiment eu raison de faire des enfants et de les laisser grandir dans ce monde là ? Est-ce que ça va aller mieux ? Est-ce que ça va empirer ? Est-ce que c’était mieux avant ? Je ne peux décrire à quel point j’ai aimé ce livre, à quel point je me suis reconnue dans tout ce qu’elle a dit. C’est un récit fort, puissant, pertinent et nostalgique.

18/20

17 commentaires

  1. J’ai lu Kiff Kiff demain il y a des années. J’en garde un super souvenir. Je pense que je lirai ce roman, car 1- j’ai un bon a priori sur l’auteure 2- tu me le vends bien avec le côté nostalgie ^^

    Aimé par 1 personne

Un petit mot ?