La Chronique du Renard – 120 Battements par Minutes !

#REDIFF DU 14 NOVEMBRE 2017


Ce film est fort! Bon dieu ce qu’il prend aux tripes et vous hante!
120 battements par minute est une oeuvre puissante, que dis-je, essentielle!

Tout comme a pu le faire le récent Mother! à sa manière, ce film nous délivre une mandale et nous laisse complètement con et KO pour son final. On a juste plus qu’à rentrer chez nous avec nos pauvres questions existentielles et à rassembler nos émotions piétinées et maltraitées par la puissance évocatrice du film.

120 Battements nous immerge au milieu de militants d’Act-Up Paris au début des années 90 qui s’évertuent à lutter contre l’indifférence générale que suscite le virus du sida. La maladie se propageant depuis des années à une vitesse folle mais les politiques et les médias s’évertuent à garder le silence et à ignorer cette maladie facilement évitable si les gens étaient plus ou mieux informés à son sujet.
Voguant entre réunions hebdomadaires du groupe et actes plus engagés, le film nous dépeint plusieurs personnages militants dont Nathan qui vient d’entrer dans la bande et Sean, un vieux de la vieille très engagé et très vindicatif.

Déjà, les acteurs.
Qu’est ce qu’ils sont bons!
Je n’en connaissais aucun et cela m’a permis de m’imprégner encore plus facilement de leurs drames. Là est tout l’intérêt de ne pas prendre des têtes d’affiche. Si le film est interprété par des acteurs méconnus; les drames de leur vie gagnent en crédibilité.
Ils sont convaincants, touchants et immensément bouleversants.

On a l’impression d’avoir affaire à de vrais homosexuels (je n’ai aucune idée s’ils le sont dans la réalité ou pas) et on à le sentiment qu’ils sont réellement atteints par le virus du sida.
Juste des prestations incroyables, teintées d’une justesse et d’une authenticité rare.
Ils ont dû côtoyer des séropositifs pour se préparer pour ce film, ce n’est pas possible autrement. Tout dans leurs interprétations sonne juste. Que ce soit leur colère, leur hargne, leur tristesse ou leur peur; tout respire le vécu.

Scotché!

La réalisation n’étant pas en reste non plus. Le réalisateur, Robin Campillo, apporte un souffle romanesque à son oeuvre qui emporte tout sur son passage.
Sous ses aspects de documentaire historique, de témoignage du passé, 120 Battement est un film sur une histoire d’amour formidablement bien écrite et juste, sur un combat politique féroce et passionnant et sur la célébration de la vie poussée à son paroxysme.
Le film brasse large tout en restant très habile.

Démarrant avec un ton très léger et drôle lors des réunions hebdomadaires, s’enchaînant avec des actions musclées; il s’attarde par la suite sur une romance simple et belle. La fureur laissant la place à la douceur. La douceur avant l’horreur et l’agonie…
Ce film explore donc beaucoup tout en restant très juste et très beau dans chaque situation qu’il raconte.
Passant de la fureur de vivre à travers le sexe au spleen complet face à l’inéluctabilité de la mort; 120

Battements fait retenir son souffle au spectateur. Balayant nos certitudes, balayant les clichés pourtant si faciles sur le sujet, nous surprenant plus d’une fois quant au déroulement des événements…
Confrontant la puissance du collectif à la solitude de l’individu, la beauté de l’existence à l’intransigeance de la maladie; le long métrage nous emballe et nous bouleverse. Échappant à tous nos calculs et à tous nos pronostics.

D’une montée en puissance incroyable jusqu’à son final résonnant comme à un gros Fuck à cette putain d’épée de Damoclès qui, finalement, nous menace tous; 120 Battements est une oeuvre totale. Un classique instantané et certainement l’un des, si ce n’est le, plus beau film de l’année.
A la fois perdu dans des scènes évanescentes semblant dénuées d’intérêt où le temps ralentit pour filmer de la poussière et/ou des cellules (scènes prenant tout leur sens à la fin) et ballotté entre les rires et les larmes; nul spectateur ne peut ressortir indemne d’une telle expérience. Le film bouscule nos âmes et finit d’abattre les quelques clichés et/ou préjugés (s’il en reste encore chez certains) sur les séropositifs et autres personnes vivants de près ou de loin la maladie.

Un film fondateur, rassembleur et essentiel qu’il faut voir en famille. Qu’il faut montrer à nos enfants, à nos ados pour pouvoir en parler après.
Il y a certes du sexe cru. Mais du sexe vrai, habité par l’amour et le désir d’êtres qui se rapprochent et célèbrent la vie face au couperet de la mort.
C’est une célébration de la vie magnifique, un combat de tous les instants, une démonstration de force qui confine à l’union des êtres face aux drames.

On y rit, on y pleure. Tout y est incroyablement bien retranscrit (les réunions hebdos des militants, on s’y croirait!) et incroyablement joué juste. Les dialogues sont parfois longs mais fondateurs pour les personnages. Tout sonne l’amour et la vie dans ce film qui pourtant est habité par la menace de la mort.
C’est d’une tristesse sublime et bouleversante. D’une férocité de vivre exaltante.
Un chef d’oeuvre à voir et à revoir.

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