1# Extraits de mes lectures

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« Les six cent cinquante signes indiquant que ce mec était toxique, elle ne les avait pas occultés. Mais l’amour ne relève pas de la productivité – on ne se dit pas j’arrête car ce n’est pas profitable pour moi. (…) On ne reste pas avec un pervers narcissique parce qu’il alterne le chaud et le froid et qu’on est déstabilisée. (…) On reste parce qu’on sait qu’après ce genre d’homme, on s’ennuiera toujours un peu. Elle a beaucoup perdu, avec Max. Il l’a trompé, humiliée, lui a menti, lui a mis dans la tête qu’elle était médiocre… et pourtant, ça valait la peine » _Vernon Subutex, 3

« Max fait des promesses – les grands-huit de portaventura, essayer d’avoir des billets pour un match… des promesses qu’il ne tiendra pas. C’est son truc. Quand il te dit «  on va passer un week-end génial », il est sincère. Il est convaincant. Ensuite il se rétracte et comme il se sent coupable de trahir ses promesses, il devient agressif. Il cherche des raisons justifiant son geste. Mais Lucas est trop jeune pour se méfier de son propre père. Il s’est fait avoir » _Vernon Subutex, 3

« Beaucoup de gens disent qu’ils s’assagissent avec l’âge. En vérité, ils se tassent, ils ralentissent. Ils perdent de leurs saillances. Ils s’enlisent dans un sable mou et s’enfoncent en toute confiance. C’est ce qu’on appelle mûrir. » _Vernon Subutex, 2

« Les mecs sont devenus tous identiques, on dirait qu’ils prennent des cours du soir pour se ressembler le plus possible. Si on pouvait ouvrir le cerveau de Laurent en deux pour lui regarder la mécanique, on y trouverait exactement le même arsenal de conneries que dans celui du cadre sup en détresse qui fait ses abdos à côté d’eux: des poulettes ultra light, de la verroterie Rolex et une grosse maison sur la plage. Que des rêves de connard. »_Vernon Subutex, 2

« Si on veut se mettre en couple, l’important c’est d’être réaliste. Une fille mettable, qui fait à bouffer, qui n’a aucune habitude dégoutante et te supporte tel que tu es, sans chercher à te mettre au pas et te faire aimer les légumes verts, on ne peut pas en demander beaucoup plus à l’amour. A quelques détails près, c’est toujours la même histoire qu’on se raconte. L’important, c’est de ne pas s’acharner à chercher dans la vie de couple des choses qu’on n’y trouvera jamais. »_Vernon Subutex, 2

« Elle s’habille chez Zara, quand elle trouve quelque chose à sa taille. Elle se passionne pour l’huile d’olive, le thé vert, elle s’est abonnée à Télérama et elle parle de recettes de cuisine, au boulot, avec ses collègues. Elle a fait tout ce que ses parents désiraient qu’elle fasse. Sauf qu’elle n’a pas eu d’enfant, alors le reste, ça ne compte pas. Aux repas de famille, elle fait tache. Ses efforts n’ont pas été récompensés. »_Vernon Subutex, 1

« Passé quarante ans, tout le monde ressemble à une ville bombardée. Il tombe amoureux quand elle éclate de rire – au désir s’ajoute une promesse de bonheur, une utopie de tranquillité emboîtées -, il suffira qu’elle tourne la tête vers lui et se laisse embrasser, et il accèdera à un monde différent. Vernon sait faire la différence: excité, c’est le bas-ventre qui palpite, amoureux, ce sont les genoux qui faiblissent. Une partie d’âme s’est dérobée – et le flottement est délicieux, en même temps qu’inquiétant: si l’autre refuse de rattraper le corps qui sombre dans sa direction, la chute sera d’autant plus douloureuse qu’il n’est plus un jeune homme. On souffre de plus en plus, à croire que la peau émotionnelle devient plus fragile, ne supporte plus le moindre choc. »_Vernon Subutex, 1

« L’alcool attaque son foie, le tabac attaque sa langue sa gorge et ses poumons, l’alimentation grasse attaque ses artères – il devait réussir au moins ça dans sa vie : ne pas faire de vieux os. »_Vernon Subutex, 1


Les participants aux « Extraits de Lectures »

7 commentaires

  1. Merci donc de nous offrir cette petite tribune.
    Je suis en train de lire « Un Monde d’hier » de Stefan ZWEIG, un récit autobiographique écrit peu de temps avant son suicide en 1942. Écrivain juif autrichien qui a connu un très grand succès littéraire, son œuvre a été mise à l’index par les nazis en 1933. Et, donc, il écrit à ce propos:

    En tant qu’écrivain, je suis quelqu’un qui marche vivant derrière son propre cadavre.

    Peu de temps après, il se suicidait.

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