Jolis Jolis Monstres de Julien Dufresne-Lamy (2019)

Certains disent qu’on est des monstres, des fous à électrocuter.
Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme.
Les plus jolis monstres du monde.


Jolis Jolis Monstres nous décrit la vie des drag queen depuis les années 90 jusqu’à aujourd’hui. On est immergés dans la vie underground de New-York ; la violence envers les gays ou les drag, l’arrivée du Sida, les insultes, les enfances cabossées, une société engoncée dans sa normalité.

L’histoire se déroule en deux grosses parties. La première c’est James (ou Lady Prudence) qui raconte  son histoire à Victor ( un garçon de bar) ; ses début en tant que drag, son ressenti 20 ans plus tard, ses expériences (bonnes ou mauvaises). Ensuite c’est au tour de Victor de prendre la parole et de parler à James.  On a donc deux époques ; les années 90 avec James et le présent avec Victor.

Je connaissais un tout petit peu la culture drag grâce à l’émission Rupaul Drag Race (même si je pense que ça ne représente pas la réalité puisque c’est très dirigé par les réalisateurs de l’émission) et je fus ravie d’être  plongée dans cet univers encore trop méconnu.

Les choses ont changé depuis que James a quitté le monde des drag il y a 20 ans mais certaines restent les mêmes. Les familles de drag queen sont toujours là pour se soutenir dans les coups durs, les paillettes, le maquillage, les play-back, les shows.

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@credit photo Ibidouu

On apprend tellement sur la vie des drag queen, la manière dont elles vivaient, comment elles s’en sortaient pour payer leur loyer ; les concessions qu’elles ont du faire, les situations dangereuses dans lesquelles elles se sont retrouvées. Le jugement des gens, les moqueries, les agressions. La souffrance. L’arrivé du sida qui a fait disparaître beaucoup de leurs amis.

Dans ce livre, on rit, on pleure, on s’émeut, on apprend beaucoup, on grandit, on est touchés en plein coeur par la souffrance que ces personnes ont enduré et endurent toujours. On est impressionnés par le courage qu’il faut pour s’accepter et se faire accepter. On est émerveillés par leur prestation grandiose et tout le travail qu’elles fournissent.

C’est une lecture indispensable, la lecture à ne pas manquer. J’y ai trouvé tout ce que je recherche en littérature. De l’humanité, de la tolérance, un style fluide, des personnages attachants, de l’émotion et du rire !

Sur scène, tu dois être parfaite. Ni seulement belle. Ni seulement divertissante. Tu dois faire tomber les masques des gens. Tous ces rôles depuis la naissance. Le genre, la race, la famille. Ton rôle est de faire du flip-flops avec tout ça. Tu es drag. Tu n’es plus homme, pas exactement femme. Tu es en dehors. Tu es l’exemple que chacun incarne sa création. Inspire-les. Trouve des mots, des gestes. N’oublie jamais que tu t’adresseras à des individus de tous horizons. Des touristes. Des mecs et des nénettes sans histoire. Et peut-être qu’au fond de la salle, il y aura une vieille femme. Peut-être un homme esseulé. Un ado en recherche de sens. Une jeune fille mal aimée. Dis-toi que tu incarnes précisément ce que le monde leur interdit d’être. Montre-leur. Même si cela ne dure que cinq petites minutes.

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