2 # Les Chroniques Littéraires d’Alex

Toujours dans ma quête de lire des classiques de la science-fiction, je vais vous chroniquer aujourd’hui un roman de Philip K. Dick (mon héros, mon dieu, ma muse de la SF, y’a plus de mots pour le qualifier!!!!!), auteur prolifique qui a été maintes et maintes fois adapté au cinéma. C’est aussi un peu le cas pour cette histoire de 1959 qui a été l’inspiration ainsi que le terreau d’origine du film The Truman Show avec Jim Carrey.

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Nous suivons dans ce livre la vie de Ragle Gumm qui vit chez sa sœur et son beau-frère. Ragle gagne sa vie en participant chaque jour à un jeu de piste organisé par le journal local consistant à retrouver un petit homme vert à l’aide de calculs complexes. Cette curieuse activité lui apporte suffisamment de gains pour subsister mais elle lui apporte aussi une certaine popularité. Malgré cette reconnaissance et cet apport d’argent directement à domicile, Ragle n’est pas heureux. Il approche la cinquantaine, est un célibataire endurci n’ayant pas son propre domicile et de plus, il drague sa jeune voisine mariée.

S’il n’y avait que ça! Mais depuis quelques temps il s’interroge sur le monde qui l’entoure. Il trouve que quelque chose cloche. Il lui arrive de se demander si tout ce qui l’entoure est vrai. De se demander pourquoi alors que la radio n’existe plus, il en trouve une fonctionnant et pourquoi cela contrarie tant son voisin. Il a bien un télévision. Quelle différence cela fait-il? Pourquoi arrive-t-il parfois que tout autour de lui semble se désagréger? Est-il en train de devenir fou? Vit-il dans une illusion, un complot contre lui comme il va finir par le penser? Et qu’en est-il de cet annuaire trouvé par hasard auquel aucun numéro ne correspond? Ainsi que de cette Marilyn Monroe soi-disant célèbre mais inconnue au bataillon?

K. Dick nous livre avec « Le temps désarticulé » un roman corrosif sur son époque. Les protagonistes vivent dans une ville sans nom des années 50 constamment hantée par la peur d’un possible cataclysme nucléaire. Le spectre de la guerre froide, les peurs de la bombe H de l’époque, la crainte d’un conflit américano-soviétique macule chaque page de l’oeuvre. On se croirait vraiment immergé dans un film paranoïaque des fifties et pour moi, qui adore cette époque d’insouciance mêlée de doutes et de peurs, la lecture fut vraiment prenante.

Nous sommes amenés à partager les réflexions de Ragle tout au long du livre et durant son « enquête » pour la vérité, on devine aisément le message caché de l’oeuvre qui est une satire du totalitarisme américain ambiant auquel tout le monde semble se conformer. La petite ville dans laquelle vit le personnage principal est un échantillon d’une Amérique soumise qui ne se pose pas de questions et accepte tout de son gouvernement. L’aliénation du quotidien est frappante dans « Le temps désarticulé ». Comme toujours, Dick se sert de la SF pour attaquer ce qui ne lui plaît pas chez ses contemporains. Ici, l’apathie et l’immobilisme.

De plus, l’on sait que K. Dick aimait faire partager ses expériences de consommations de psychotropes à travers ses œuvres et dans ce livre-ci on peut encore entrevoir la folie ainsi que la schizophrénie latente de Dick à travers les illusions que peut voir Ragle. C’est un régal de subversion!

Bien évidemment, je ne dévoilerai pas la fin de l’histoire tant tout l’intérêt de l’oeuvre se base sur sa révélation finale mais sachez que tout se tient et qu’à la fin on ne peut qu’être d’accord avec les idées développées par l’auteur ainsi qu’avec le message qu’il veut faire passer. La résolution se veut aussi symptomatique de cette époque paranoïaque de guerre froide aujourd’hui révolue. Cela donne vraiment un certain charme au livre. Pertinente aussi cette résolution finale car deux personnages l’apprennent en même temps et chacun choisit une manière différente de l’aborder et de poursuivre sa vie. Cela montre qu’importe les décisions prises une fois la vérité apprise, l’important étant de se battre pour elle. Après, chacun est libre de penser et d’agir comme il le souhaite. Je pense sans trop m’avancer que c’est ce que l’auteur souhaitait faire passer comme message.

Le temps désarticulé est une lecture agréable, peu longue (dans les 200 pages), qui n’est assurément pas l’une des meilleures de K. Dick mais qui reste malgré tout un petit plaisir de science-fiction avec ce côté paranoïaque désuet qui sied bien au genre. Une bonne surprise de plus pour moi pour ce genre qui ne cessera jamais de me surprendre. Car derrière ce fantastique assumé peu crédible, il y a toujours des messages pertinents qui font écho à certaines époques ou à certains comportements encore d’actualité aujourd’hui.

alexandre

22 commentaires

    1. Mdr, décidément tu n’aimes pas grand chose de ce bouquin. Moi je trouve la couverture originale. Elle me rappelle les tapis de sols de mon enfance sur lesquels je jouais aux voitures.

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  1. Je ne peux qu’approuver ^^ (Ubik! )
    Ses nouvelles, en intégrale (Lunes, d’encre, Denoël) sont aussi excellentes. On retrouve les origines de certains de ses romans (comme pour « Les androïdes…../Blade runner…. »).

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    1. Ah, ça c’est pas sûr qu’il l’ait lol. K. Dick a écrit tellement de choses faut dire. Perso, je ne connaissais pas cette histoire de lui avant de tomber dessus par hasard.

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  2. J’ai du lire Ubik pour la fac et ce fut difficile…Je n’aime pas du tout la SF mais vu que celui-ci a inspiré The Truman Show que j’adore, je veux bien retenter !

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