Nous finirons en étant qui nous sommes, la jeunesse, la beauté ne servent qu’à nous camoufler pendant un certain temps

ça aussi, ça passera de Milena Busquets

J’avais vu Milena Busquets dans La Grande Librairie, et elle m’avait intrigué, le soir même j’achetais son roman. Et pourtant, j’ai mis une éternité à l’ouvrir, je ne sais même plus combien de temps.

12884578_797279540415414_1223629414_n

Et quand je l’ai ouvert, je ne l’ai plus refermé, lu en quelques heures.

J’ai mis du temps à trouver les mots pour faire ma chronique, je crois que je les cherche encore d’ailleurs.

La première phrase du livre  » Je ne sais pour quelle raison étrange, je n’ai jamais pensé que j’aurais un jour 40 ans. » 

Résumé. 

C’est l’été, la saison préférée de Blanca. Après le décès de sa mère, elle quitte Barcelone pour s’installer dans la maison de vacances familiale de Cadaqués. Sur cette terre riche des souvenirs de son enfance, sous le soleil de la Méditerranée, elle cherche l’apaisement. Mais elle ne part pas seule, une troupe disparate et invraisemblable l’accompagne : ses deux ex-maris, les fils qu’elle a eus d’eux, ses amies Sofía et Elisa, son amant Santi et, bien entendu, sa mère défunte, à qui elle ne cesse de parler par-delà la mort, tant cette disparition lui semble difficile et inacceptable. Les baignades, les promenades en bateau et les siestes dans le hamac vont se succéder, tout comme ces longs dîners estivaux au cours desquels les paroles s’échangent aussi facilement que les joints ou les amours. Les souvenirs affleurent alors, faisant s’entrelacer passé et présent. Blanca repense à cette mère fantasque, intellectuelle libre et exigeante, qu’elle a tant aimée et tant détestée. Elle lui écrit mentalement une lettre silencieuse et intense dans laquelle elle essaie de faire le bilan le plus honnête de leur relation douloureusement complexe. Elle lui dit avec ses mots tendres, drôles et poignants que face à la mort elle choisit l’élégance, la légèreté, la vie. Elle lui dit qu’elle choisit l’été et Cadaqués car elle sait que ça aussi, ça passera.

La chronique de Lisa

Pour moi, il émane de ce livre de la chaleur, de la douceur et de l’émotion. On peut également sentir au fil des pages, les paysages d’Espagnes magnifiques, l’atmosphère du pays, la mer, le sable.. On se laisse guider par Milena Busquets dans les allées chaudes de Cadaqués.

« En fait, je crois que nous sommes davantage les choses que nous avons perdues que celles que nous avons. »

Au fil des pages, Blanca avance dans son deuil, grâce à ses souvenirs, à ses amis, ses amants, ses enfants. Et pourtant ce roman n’est pas glauque, ni larmoyant, il est même plutôt poétique.

« J’ai eu beaucoup de mal à me défaire de tes affaires, surtout de celles que tu aimais. Certains jours, je pensais que j’allais tout bazarder et, au bout de cinq minutes, je me repentais et décidais de conserver jusqu’au moindre bibelot. Je suppose que je cherchais à décider à quelle distance de toi je voulais vivre exactement. C’est un équilibre difficile, avec les vivants garder les distances est plus facile. »

Blanca croque la vie à pleine dent, alors oui malgré un roman centré sur le deuil, c’est de la vie dont il est question. C’est même un hymne à la vie et à l’amour.

La relation avec sa mère est omniprésente, elle s’adresse directement à elle d’ailleurs quand elle évoque certains souvenirs.

 » A ma connaissance, la seule chose qui ne donne pas la gueule de bois et met entre parenthèse la mort – comme la vie – c’est le sexe. Son effet foudroyant réduit tout en décombres. Mais ça ne dure que quelques instants ou, tout au plus, si vous vous endormez ensuite, quelques heures. Puis les meubles, les vêtements, les souvenirs, les lampes, la panique, la tristesse, tout ce qui avait disparu happé par une tornade pareille à celle du Magicien d’Oz redescend et reprend sa place exacte, dans la chambre, dans la tête, dans le ventre. »

En conclusion, c’est un roman lumineux et dense, sans prétention et parsemé d’humour. L’auteur à su éviter les clichés sur le deuil et l’effet larmoyant avec brio et finesse. Milena Busquets nous dresse également un portrait magnifique de l’Espagne qui nous donne envie de courir là bas. Il est difficile de rester insensible face à ce livre vibrant d’émotions. 

 » J’ai un hurlement en moi, qui, d’habitude, pendant la journée, me laisse tranquille, mais la nuit, lorsque je m’étends sur un lit et que j’essaie de dormir, il se réveille et commence à rôder….. »

5 commentaires

  1. Les extraits sont très poétiques, c’est vrai. En tout cas, ta chronique m’a donné vraiment envie de le découvrir, je pense que c’est vraiment le genre de lecture qui pourrait me plaire…

    J’aime

Un petit mot ?