4# Les Chroniques Littéraires D’Alex

l'avis d'alex

Féru de science-fiction depuis l’enfance, je me devais de lire tous les classiques de ce genre qui me fascine tant. Voilà pourquoi je me suis attelé à la lecture de ce court roman (moins de 200 pages) qui est un classique reconnu du genre. Evidemment je connaissais l’histoire de l’œuvre avant de la lire tant elle est entrée dans la culture pop depuis des décennies. Bref, La machine à explorer le temps est une nouvelle de science-fiction et d’anticipation de 1895 écrite par H.G. WELLS. Elle nous conte l’aventure d’un explorateur qui voyagea jusqu’en l’an 800 mille et des poussières et qui constata que le monde était habité par deux catégories distinctes d’humains : les Morlocks et les Eloïs. Catégories fondamentalement opposées dans leur apparence ainsi que dans leur mode de vie qui se craignent et s’affrontent mutuellement si je puis dire. Catapulté dans ce nouveau monde, il devra lutter pour sa propre survie et essayer de comprendre comment l’humanité a pu en arriver là.

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Honnêtement, cette lecture fut pour moi un véritable calvaire. J’ai réellement peiné à poursuivre la lecture jusqu’au bout car l’histoire ne m’a pas happé une seule seconde. Pour moi l’œuvre ne fonctionne pas autant sur le fond que sur la forme.

Commençons par la forme. Je n’apprécie pas du tout la mise en scène du livre. Il est construit de telle sorte que dès le départ, le narrateur ; personnage principal du récit appelé l’explorateur du temps tout du long (il n’est jamais nommé par un nom ou un prénom) ; raconte son voyage dans le temps à divers convives qui dînent chez lui. Cette façon de faire ne me plait guère car je trouve cela d’une lourdeur incroyable de devoir se farcir l’histoire contée par un homme qui rapporte ses aventures. Je ne trouve pas cela crédible qu’il parle sur plus de 150 pages avec moult détails sans jamais faire de pause et sans ne jamais être interrompu. J’aurai préféré suivre l’action en direct et trépigner aux côtés de l’explorateur du temps plutôt que de devoir « l’écouter se raconter ». De plus je trouve que scénaristiquement cela détruit tout enjeu et tout suspens. On ne s’inquiète pas une minute pour la vie de l’explorateur lorsqu’il est en danger dans le monde souterrain des Morlocks puisque l’on sait qu’il est revenu à son époque pour tout raconter. On sait pertinemment qu’il ne peut rien lui arriver ce qui désamorce toute tension. Il en va de même pour l’un des enjeux majeur de l’histoire à savoir le fait que l’explorateur du temps se fait voler sa machine par les Morlocks. Tout l’intérêt pour lui est de la récupérer coûte que coûte afin de regagner son époque. Mais, bon sang, on sait très bien qu’il l’a récupérée puisque dès les premières pages on sait qu’il est revenu avec ! Nous avons donc affaire à une œuvre où le suspens est proche du zéro absolu…Sinon j’ai trouvé le récit pas assez précis dans les explications sur le voyage dans le temps, sur le pourquoi de la machine et sur beaucoup d’autres points dans la description du monde futuriste. A contrario, lorsque le livre se voulait explicatif, je trouvais cela trop abstrait pour que je puisse réellement m’imprégner de l’atmosphère. Pour comparer avec ses contemporains ; je préfère amplement la façon de faire de Jules verne qui bien que plus ampoulé et bien plus descriptif me permet de mieux visualiser et appréhender ce qu’il se passe.

Passons au fond de l’œuvre maintenant. Alors je sais bien qu’il faut remettre l’histoire dans le contexte de l’époque et que ce monde avec les Morlocks réduits à vivre sous terre et les Eloïs insouciants sur terre est une critique de l’époque victorienne dans laquelle les hommes étaient victimes d’une industrialisation galopante. Epoque dans laquelle vivait l’auteur. Mais je n’arrive pas à passer outre le fantasque d’un tel récit pour notre époque moderne. Malgré tous mes efforts durant la lecture pour ne pas y songer, je ne pouvais m’ôter de la tête que ce futur possible n’en était justement pas un. Déjà la date ; an 800 000 et quelques. On sait désormais qu’à cette date, si les humains ont trouvé un moyen d’encore exister, notre planète ne pourra aucunement être telle qu’elle est décrite dans l’histoire. Et même si notre espèce subsisterait encore ; il est impossible que l’on ait évolué tel qu’on est présenté dans le bouquin. Alors oui ! Je sais que cette date fantasque très/trop éloignée se justifie par le fait que l’auteur voulait prendre une distance considérable par rapport à notre époque pour nous perdre complément dans un univers dénué de toutes nos logiques. Qu’un tel éloignement dans le temps fait de l’histoire plus une fable qu’un réel roman d‘anticipation censée nous faire réfléchir sur une situation sociale…Mais sur moi le subterfuge n’a pas pris. Malheureusement. Et ce n’est pas le final durant lequel le voyageur se déplace jusqu’à la fin de notre planète bleue qui va me convaincre. Notre monde à son crépuscule est décrit d’une manière tellement improbable avec les vérités scientifiques que l’on sait aujourd’hui ! En gros, la morale du récit n’a pas suffi à me faire oublier le fossé de connaissances qui me sépare de l’auteur. La faute à un siècle qui nous sépare. Un siècle qui a vu tant de faits scientifiques nous apparaitre évidents.

Je ressors donc déçu de la lecture de ce classique. J’en ai compris l’intention et le message mais mon esprit cartésien m’a totalement sorti de l’histoire. La forme du récit que je trouve désuète a fini d’achever mes espoirs. Dommage. Vraiment dommage.

alexandre

19 commentaires

  1. Il y a certains classiques de genre qui nous déçoivent, ce qui prouve que les classiques ont aussi leurs défauts et c’est bien de le rappeler.
    Il est fort probable que je le lise aussi à l’occasion mais je prends bien note de toutes tes remarques pr ne pas être surprise.
    Bisous à toi et merci pour l’article!

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  2. J’ai cru remarquer que beaucoup de romans anglais de l’époque ont cette manie de chercher une excuse pour la narration, comme si la narration « désincarnée » n’était pas connue à l’époque. La plupart du temps c’est censé être un récit fait par lettre, ou un journal intime, ou une histoire personnelle racontée en prenant à parti le lecteur… En général je trouve l’effet raté. Surtout les histoires fantastiques rapportées par des médecins 9 fois sur 10, c’est lourd et ça gêne l’identification au protagoniste, effectivement.

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  3. Ton avis est très intéressant parce qu’il rend bien compte du problème des romans cultes ou de leurs sujets qui le sont devenus dans l’imaginaire collectif. Parfois, ce qu’on en a retenu et ce que ça a inspiré par la suite est parfois plus intéressant que l’oeuvre originelle. Et puis, je pense que la différence qu’il y a de traiter une histoire SF avant et aujourd’hui forme un assez grand gouffre pour nos yeux de lecteurs du XXIe.

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  4. Eh bien même si ta lecture a été un calvaire, laisse-moi te dire que ta chronique est très intéressante! ça montre bien que les classiques ont leur défauts et peuvent très mal vieillir. Ce qui se ressent d’autant plus si on a l’habitude de lire de la SF… Du coup, même en se rappelant que le roman est inscrit dans un contexte particulier il n’est pas forcément très agréable/facile à lire.
    Bref, j’ai beaucoup aimé ta chronique 🙂
    Victoire

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